- Trois nominations aux prix de la critique 2011 : Charlotte Villalonga (Meilleur Espoir féminin) Muriel Legrand (Meilleure actrice) et Céline Delbecq (Meilleur auteur)
- Prix André Praga 2010 décerné par l’Académie Royale de langue et littérature belge à Céline Delbecq pour le texte
- Texte finaliste des prix des Metteurs en scène 2010
Alors qu’elle remet les pieds pour la premiere fois depuis vingt ans dans l’atelier de menuiserie qui a bercé son enfance, Hêtre voit apparaître devant elle la petite fille qu’elle était. Ensemble, elles nous racontent qui elles sont, car la rupture fut tellement brutale que l’Enfant s’est physiquement détachée de la Femme. Entre l’Enfant qui rêve de strass et paillettes et la Femme qui est submergée de travail a la librairie, le temps s’est écoulé. Hêtre est-elle passée a côté de quelque chose ? Comment devenir adulte sans etre figé par trop d’angoisses ?
C’est dans un univers poétique et nuancé que les deux personnages se rencontrent et se redécouvrent. Ce n’est pas une histoire avec un début, un milieu, une fin. Ce sont deux voix qui se croisent, se répondent, s’emmêlent, s’interrogent, se souviennent et se perdent. Deux corps qui ne font qu’un. Un personnage voyageant entre deux temporalités.
Texte édité chez Lansman.
Distribution
Texte et mise en scene Céline Delbecq | Avec Muriel Legrand et Charlotte Villalonga | Assistante Marion Hutereau | Création Lumière Laurence Adam | Création Sonore Aldo Platteau | Régie Aude Dierkens | Voix Off Réal Siellez | Chargée de diffusion Cindy Aguado | Photographies Alessia Contu et Sylvie Moris
Production
Compagnie de la Bete Noire, Théâtre du Méridien, Maison de la Culture de Tournai
SCENE I
La Femme s’adresse au public.
L’Enfant est caché dans l’ombre, elle dort.
LA FEMME :
Hêtre.
Je m’appelle Hêtre, c’est mon prénom, mon père était menuisier.
J’aurais pu m’appeler Chêne, Mélèze, Epicéa, Frêne, Erable, Cerisier, Noyer, mais je m’appelle Hêtre, c’est le prénom qu’il a choisi.
Je ne sais pas quel était le métier de ma mère. J’aurais pu m’appeler Hêtre-Brushing si elle était coiffeuse ou Hêtre-Paillettes si c’était une actrice…
Mais je ne l’ai pas connue, je suis sortie d’elle un soir et tout de suite je suis tombée sur le dos de mon père. Il disait cela « je t’ai eue sur le dos ». Comme du rodéo, j’imagine. J’imaginais…
Je n’ai pas connu ma mere et je m’appelle Hêtre tout court. Hêtre. Pas comme le verbe, comme l’arbre, mon père était menuisier.
A l’école, déja, le gros Loïc m’appelait branche, vieille branche, branche d’arbre, branche pourrie par les vers, t’es pourrie, t’es rien qu’une branche pourrie par les bêtes, sales bêtes, Hêtre a des poux ! C’était pour se moquer bien entendu, j’ai jamais été pourrie, toujours propre, c’était à cause de mon nom d’arbre, Hêtre.
Mon père s’appelait Olivier.
Elle rit, peut-être
Son père a lui aussi était menuisier, tous menuisiers durant quatre générations !
Il s’est rendu compte qu’il avait un nom d’arbre en me donnant un nom d’arbre, c’est ce qu’il disait. Il épelait mon prénom a la femme de la commune et elle, elle marmonnait, grognait entre ses dents : « Bientôt on va appeler les enfants Chien, Chat, Poulet ou Poisson ! ». Puis quand mon père lui a dicté son nom, Olivier, elle a redressé la tête, a soupiré et a dit : « Excusez-moi, Olivier on a l’habitude, mais Hêtre… » Et c’est là que mon père s’est rendu compte qu’il avait un nom d’arbre, lui aussi.
Il aimait bien cette histoire, me la raconter, il disait qu’on avait les memes racines…
[…]
Hêtre a également été mis en lecture par Céline Delbecq à la Biénale Zones Théâtrales d’Ottawa (Canada) en septembre 2011 - avec Geneviève Couture et Caroline Sheehy
Ainsi qu'au Festival International de Hammamet (Tunisie) en août 2013 - avec Souhir Benamara et Aïcha Ben Ahmed